A Valéry Nikolski
"Le Maure a fait son devoir, le Maure peut s'en aller."
Johann Friedrich von Schiller
Leurs couleurs nous étonnent – toutes ces feuilles ressemblant aux étoiles.
Mais, ayant bien offert au public un spectacle d’enfer,
Il est prêt, cet Automne, à céder ses pinceaux et ces toiles,
Et sa place, tant qu’à faire, à un autre artiste – l’Hiver.
Le silence se brisera par les coups mezzo-forte d’un gong
Pour enfin annoncer les vainqueurs du tournoi nommément.
Sa raquette sous le bras, s’en ira l’amateur de ping-pong -
Il en a eu assez, et en plus, il gagnait fréquemment.
Sans jamais chialer, il jouait pour gagner, coûte que coûte.
C’était bien beau à voir, même si presque trop dur par moments.
Comme le Maure de Schiller, c’est-à-dire - sans reproche et sans doute,
Il a fait son devoir et il peut donc partir tranquillement.
Picasso et Van Gogh l’inspiraient à la paix chaque seconde,
Et pourtant il se bat - aujourd’hui, comme jadis ou naguère,
Pour que le dialogue entre tous les pays dans le monde
Puisse tuer – par débat – les pensées qui font naître les guerres.
Il sera remplacé, car personne n'est guère irremplaçable.
D’autres feront le pari - de gagner, vu le nombre d’essais.
Mais il a su laisser une belle trace dans ce monde périssable.
- A la tienne, Valéry ! Et à ce quart de siècle passé !
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